Si vous cherchez un « mantra » inspirant, en voici un : défigez-vous. Derrière cette simple phrase se cache une clé essentielle pour mieux comprendre et transformer nos blocages intérieurs. Bien souvent, les problèmes que l’on qualifie de « psychologiques » ne sont que les manifestations de figements internes. Ces derniers nous empêchent de nous connecter pleinement à nous-mêmes et aux autres.

D’où viennent ces figements ?

Nos figements sont le fruit de traumatismes. Ils perturbent le système nerveux et entraînent des difficultés dans nos relations, des distorsions de notre identité et une multitude de symptômes. Ces symptômes, à leur tour, alimentent ce déséquilibre nerveux, créant un cercle vicieux.

Nos figements trouvent leurs racines dans nos expériences de vie, en particulier celles marquées par des traumatismes et dans des facteurs qui nous dépassent comme des héritages transgénérationnels ou encore l’interaction biologie/environnement.

1. Les traumatismes de développement

Ces figements se forment tôt dans notre vie, souvent dans l’enfance, pendant les phases clés de notre développement. Le cerveau et le système nerveux d’un enfant sont particulièrement sensibles à l’environnement, aux relations et à l’attachement avec les figures parentales.

  • Un environnement instable ou insécurisant : Lorsque l’enfant évolue dans un cadre où il manque de sécurité émotionnelle – par exemple, des parents absents, critiques, ou eux-mêmes stressés – il peut développer des mécanismes de protection pour survivre émotionnellement. Ces mécanismes incluent la dissociation, le retrait, ou une hypervigilance.
  • Des besoins émotionnels non comblés : Si un enfant n’a pas la possibilité d’exprimer librement ses émotions ou si ses besoins fondamentaux de reconnaissance, d’amour, et de soutien ne sont pas satisfaits, il apprend à se couper de ses ressentis pour éviter la douleur. Cette déconnexion peut s’enraciner dans le corps sous forme de figements.

2. Les traumatismes de choc

Les traumatismes de choc sont généralement liés à des événements spécifiques qui surviennent à tout moment de la vie, tels que :

  • Des accidents
  • Des agressions physiques ou verbales
  • La perte d’un être cher
  • Des événements violents ou soudains (catastrophes naturelles, guerre, etc.)

Face à ces situations, notre système nerveux adopte des stratégies de survie. On connaît bien les réponses classiques de fuite, lutte, ou figement. Quand ni la fuite ni la lutte ne sont possibles, le figement devient une réponse automatique pour protéger l’organisme.

En termes biologiques, ce figement correspond à un état de « shut down » du système nerveux parasympathique. C’est une forme de dissociation où l’esprit et le corps se déconnectent temporairement pour réduire l’intensité de la douleur ou du stress.

3. Un héritage transgénérationnel et collectif

Les figements ne viennent pas seulement de nos expériences personnelles. Parfois, ils trouvent leur origine dans des traumatismes hérités de nos ancêtres ou de notre environnement culturel.

  • Traumatismes transgénérationnels : Des études montrent que les traumatismes vécus par une génération (guerres, famines, migrations forcées, etc.) peuvent laisser des marques sur l’ADN, influençant la façon dont les générations suivantes réagissent au stress.
  • Pressions sociétales : Dans certaines cultures ou sociétés, les émotions ou les besoins sont systématiquement réprimés. On valorise le contrôle de soi, la performance ou la conformité, ce qui peut exacerber les figements en nous coupant de notre spontanéité naturelle.

4. L’interaction entre biologie et environnement

Le figement est également le résultat d’une interaction constante entre notre biologie et notre environnement :

  • Prédispositions biologiques : Certaines personnes, en raison de leur génétique ou de leur tempérament, sont plus enclines à réagir au stress en se figeant.
  • Facteurs environnementaux : Un environnement stressant ou menaçant maintient notre système nerveux dans un état d’alerte prolongé, renforçant les comportements figés au fil du temps.

Ces figements sont donc des mécanismes de survie qui se sont activés dans des contextes où nous n’avions pas d’autres options. Cependant, ils peuvent persister bien après la disparition de la menace, devenant alors des obstacles à notre bien-être et à notre capacité de connexion.

Se défiger : un acte de renaissance

Se défiger, c’est bien plus qu’un simple retour au calme ou une régulation émotionnelle. C’est un véritable processus de transformation intérieure, une redécouverte de soi qui peut être comparée à une renaissance.

Lorsque nous sommes figés, nous vivons en mode survie. Ce figement, souvent inconscient, nous coupe de nos sensations corporelles, de nos émotions et de nos besoins profonds. Nous fonctionnons alors comme des automates, guidés par la peur, le stress ou l’habitude. Ce mode de fonctionnement réduit notre capacité à vivre pleinement, à ressentir de la joie, à aimer ou à nous connecter de manière authentique avec le monde qui nous entoure.

Le processus de défigement, en revanche, nous ramène à la vie. En relâchant les tensions accumulées dans le corps et en réactivant les mécanismes naturels d’autorégulation du système nerveux, nous retrouvons une vitalité perdue. C’est comme si l’on redécouvrait un corps qui ne se contente plus de survivre, mais qui ressent, agit et sait.

Cette renaissance peut se manifester de plusieurs manières :

  • Une reconnection au corps : En défigeant, on ressent à nouveau le mouvement, les sensations et les émotions logés dans notre corps. Ces perceptions incarnées sont les clés d’un mieux-être durable, car elles nous ancrent dans l’instant présent.
  • Un retour à l’amour de soi : Le défigement nous donne accès à une forme d’acceptation profonde de notre être. En nous reconnectant à nos sensations et à nos émotions, nous nous réapproprions notre histoire et nos expériences. Cette acceptation ouvre la porte à l’amour de soi et à une compassion sincère pour notre propre cheminement.
  • Un élan vers les autres : Se défiger permet également de mieux se relier aux autres. En retrouvant notre capacité à ressentir et à agir librement, nous devenons plus disponibles émotionnellement et plus authentiques dans nos interactions. Nous pouvons aimer et être aimés, sans les barrières de la peur ou de la dissociation.

Défiger n’est donc pas un simple relâchement ou une étape vers un mieux-être. C’est une véritable métamorphose, une renaissance intérieure qui nous permet de retrouver l’essence de ce que nous sommes : des êtres vivants, vibrants, connectés.

Pourquoi nous figeons-nous ?

Lorsqu’une situation demande une mobilisation, nous avons tendance à nous figer plutôt qu’à agir. Ce choix inconscient de « survie par l’immobilité » s’opère de manière automatique, parfois même préventivement, avant qu’un problème ne se manifeste.

Ce figement se manifeste sur plusieurs niveaux :

  1. Au niveau sensoriel : En nous coupant de nos perceptions, nous perdons le lien avec nous-mêmes et les autres. Cette dissociation rend le monde moins accessible, moins réel.
  2. Au niveau moteur : Le corps alterne entre contraction excessive (tensions) et relâchement total (flaccidité), ce qui déséquilibre nos réactions face aux événements.
  3. Au niveau émotionnel : Les émotions, qui sont littéralement un mouvement intérieur (émotion vient du latin ex movere, « mettre en mouvement »), sont souvent étouffées. Par exemple, la colère – une émotion puissante et mobilisatrice – est fréquemment réprimée en nous déconnectant de notre corps, là où résident nos émotions.

Reprendre le mouvement

Apprendre à se défiger, c’est permettre à ce mouvement vital de circuler à nouveau. C’est un chemin vers une vie plus incarnée, où l’on peut ressentir, aimer et agir en toute conscience. Alors, pourquoi ne pas commencer dès aujourd’hui ? Observer vos blocages, ressentir votre corps et laisser ce mouvement intérieur vous guider, c’est ce que je vous propose dans mes accompagnements en Intelligence Relationnelle (IR).